J’ai participé la semaine passée à une journée de rencontres avec des entreprises d’économie sociale. Pendant les discussions, les participants se sont beaucoup plaint des préjugés dont souffrent leurs entreprises : on les confond avec les organismes communautaires, on les imagine financées entièrement par les fonds publics. Pourtant, les entreprises d’économie sociale ONT des retombées économiques. Ce sont des entreprises à but non-lucratif. Mais elles vendent des produits et des services. Ce sont des entreprises RENTABLES.

Durant les discussions, je me suis demandé pourquoi. Pourquoi c’est si mal de parler de retombées sociales ? Pourquoi c’est si mal de valoriser son entreprise grâce à ses retombées sur la société ? Pourquoi la rentabilité économique est-elle si importante ?

Un conférencier, M. Claude Béland, président du Mouvement Desjardins de 1987 à 2000, a un peu répondu à mes questions. En tous cas, il a proposé une hypothèse. Inspiré par l’économiste Joseph Stiglitz et son livre, Le Triomphe de la cupidité, M. Béland croit que l’humanité va et vient, depuis la Révolution française, à travers deux courants : un courant civilisateur, au cours duquel dominent des valeurs telles que la solidarité, la liberté et la fraternité, puis un courant primaire, au cours duquel refait surface l’instinct animal de l’être humain. Dominent alors des valeurs telles que la domination, la possession, l’exploitation, qui elles mènent à l’augmentation des inégalités et de la pauvreté.

Le courant civilisateur a connu des années de gloire notamment après la Première guerre mondiale, avec Roosevelt et la social-démocratie. La fin de la Deuxième guerre mondiale a aussi permis l’émergence du courant civilisateur, avec entre autres les accords de Bretton Woods et la rédaction de la Déclaration universelle des droits de l’homme.

Mais le courant primaire a souvent dominé, bien sûr lors des deux guerres mondiales, mais aussi depuis les années 1980. Selon M. Béland, la transition, au cours des années ’70, vers le marché des devises (ou marché des changes flottants) aurait mené à la spéculation, au crédit… et à l’endettement. Depuis les années ’80, la spéculation et l’endettement dominent, et les valeurs du courant primaire sont revenues en force. « L’intelligence du capital l’emporte. Le pouvoir économique est devenu l’élément central du développement, alors qu’avant, l’humain était au cœur du développement. Le régime économique ne répond plus aux besoins de la population. »

C’est plutôt la population qui nourrit la bête. Pour M. Béland, l’être humain est un animal qui gagne en humanité grâce à l’éducation. C’est avec l’éducation que sont nées les grandes révolutions ainsi que les révolutions… plus tranquilles. C’est avec l’éducation que nous pourrons renverser la tendance…

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